Bref, j’ai acheté un Leica M8
Parfois, on fait des trucs irrationnels. On est bien équipé, avec du matériel de qualité qui donne toute satisfaction du point de vue des résultats, et puis on croise un Leica M8 vendu à un prix raisonnable sur une petite annonce, et on plonge. Pour voir ce qu’il a dans le ventre, et constater dans la vraie vie si on est capable de ramener de vacances des photos de famille aussi satisfaisantes avec ce petit boitier, archaïque et minimaliste, qu’avec un reflex moderne et maitrisé.
Première constatation : le rendu du capteur est vraiment beau quand la lumière est abondante !
Par contre, à 1280iso, le banding rend parfois les photos absolument inexploitables. Pour un boitier destiné à ramener des souvenirs familiaux, c’est la cata parce que c’est justement dans ces moments de la vie de tous les jours, en soirée et souvent mal éclairés que j’avais l’habitude de sortir l’appareil.
Deuxième constatation : les quelques mois passées aux commandes d’un Leica M4-2 argentique me permettent d’être parfaitement à l’aise avec le boitier, et l’absence d’autofocus que je redoutais pour certaines photos ne me pose finalement pas de problèmes.
Troisième constatation : l’habitude prise avec le M4-2 de me poser des questions sur l’exposition me reste, et c’est un vrai plaisir de me confronter à des lumières difficiles sans compter sur une mesure matricielle supposée tout bien faire (et tant pis si elle se trompe, on pourra toujours rattraper à partir du RAW).
Sinon, l’appareil est d’un autre temps. Il est lent et son écran arrière est vraiment pourri. Mais il est aussi capable de sortir de très belles photos et surtout il est très agréable à utiliser.
Après des mois à photographier surtout en argentique, j’appréhendais un peu le M numérique, et je me suis surpris à l’utiliser presque comme mon M4-2 : j’ai fait finalement assez peu de photos, et surtout je n’ai pas doublé ou triplé les prises de vues avec l’espoir souvent déçu que dans le lot, il y en aura une meilleure que les autres.
Enfin je savais que le capteur n’était pas performant en haute sensibilité, mais je n’imaginais pas qu’il allait me limiter à 640iso, et ça c’est un vrai problème. Même le D200, pourtant réputé pour ne pas être le roi de la nuit est bien meilleur ! Ce qui remet en cause l’utilité de ce boitier pour l’usage auquel je le destinais.
Et là je suis bien embêté parce que les Leica M numériques modernes qui corrigent les défauts de cet ancêtre sont financièrement inaccessibles. Et puis parce que malgré tous ses défauts, ce dinosaure est quand même très attachant ! Je crois que je vais me poser un peu, repenser sereinement à tout ça et attendre que le brouillard se lève…